Interview de First Draft
Quelques heures avant son concert à l’Astrolabe (45), le duo tourangeau First Draft, lauréat régional 2020-2021 du dispositif Propul’Son, a répondu à quelques-unes de nos questions. L’objectif de cette discussion était d’en apprendre davantage sur le groupe, de discuter des projets futurs et d’échanger autour de l’expérience liée au dispositif Propul’Son.
> Bonjour Marine, bonjour Clément. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter votre duo ? Quand est-il né ? Comment vous-êtes vous rencontré·es ?
Clément : Nous nous sommes rencontré·es sur Internet. Marine avait posté une annonce avec un guitariste avec qui elle jouait à l’époque. Moi je venais de revenir sur Tours et je cherchais un groupe. On a fait partir le guitariste, on a repris un autre guitariste qui est parti de lui-même. Puis nous avons décidé que nous resterions à deux parce-que c’était bien. À partir de ce moment-là, Marine a assumé à fond le fait de faire de la batterie et de chanter en même temps et moi je me suis mis à dépenser des milliers d’euros dans des pédales d’effets pour faire le guitariste. Maintenant, cinq à six ans plus tard, nous sommes pauvres, mais c’est bien (rires).
Marine : Mais nous sommes heureux !
> Et cinq à six ans plus tard vous souhaitez toujours rester sous ce format duo ?
Clément : C’est vrai que nous pourrions êtes pauvres à plus mais à deux nous sommes pauvres plus vite parce que nous divisons tout en deux et pas en cinq ou six.
Marine : Mais nous serions moins pauvres si nous étions plusieurs… Il faudrait peut-être qu’on y réfléchisse… Non, en vrai, c’est six ans de bonheur et nous ne changerons rien.
> En 2020-2021, vous avez été lauréats régionaux Propul’Son, le dispositif d’accompagnement artistique mis en place par la Fraca-Ma et son réseau. Pourquoi avoir postulé à ce dispositif ? Quelles étaient vos attentes liées au Propul’Son ?
Marine : Nous avions besoin d’agrandir notre entourage professionnel. Nous avions déjà une production mais le Propul’Son aide à se professionnaliser davantage en nous mettant en contact avec des professionnel·les si nous avons besoin d’une formation, des professionnel·les du spectacle si nous cherchons des dates… Le Propul’Son apporte également une aide financière pour pouvoir faire avancer le projet. Nous nous sommes servi·es d’une partie de l’envelopper allouée à notre projet pour payer un graphiste pour notre prochain EP. Nous nous en sommes également servi·es pour faire de l’accompagnement scénique sur une résidence. Je pense que le dispositif nous a vraiment beaucoup aidé à faire avancer le projet.
Clément : Il y a eu un vrai suivi. Nous avions des réunions toutes les deux à trois semaines avec l’entourage « mis à disposition » et avec qui nous avons pu caler des retro-planning, des budgets etc. Il y a vraiment eu un suivi sur la progression. Le dispositif nous a également permis d’avoir des espaces de diffusion dans lesquels il est difficile d’aller, comme par exemple le 4 décembre prochain, où nous jouons à Rennes, à l’occasion d’une soirée Bars en Trans co-organisée par la Fraca-Ma et la féma (Fédération des Musiques Actuelles Bourgogne-Franche-Comté).
> Concrètement, considérez-vous que le dispositif a répondu à vos attentes ?
Clément : Absolument.
> Éventuellement, est-ce qu’il y aurait, selon vous, des éléments à améliorer au sein du dispositif ?
Clément : Passer plus de temps avec Jérémie Hahn, le coordinateur du dispositif (rires). Plus sérieusement, cette édition du Propul’Son, sur deux ans, a été assez particulière puisqu’il y a eu les périodes de confinement. Mais je trouve que le suivi et l’accompagnement qu’il y a eu avec toutes ces embûches nous ont quand même permis de faire beaucoup de choses. Donc je ne peux pas trop me prononcer sur ce que ce serait en temps normal. Mais nous sortons très satisfait·es d’avoir pu bénéficier de ce suivi, d’avoir cette fenêtre de diffusion aux Bars en Trans et d’avoir pu avancer sur beaucoup de choses.
> Après avoir été lauréat·es d’un dispositif régional, est-ce que vous envisagez de postuler à des dispositifs nationaux, comme le FAIR, le Chantier des Francos, les iNOUïS du Printemps de Bourges… ?
Marine : Oui. Dès que nous voyons qu’il y a des échéances nous postulons.
Clément : Nous postulons au FAIR depuis 2 ans, aux iNOUïS depuis 3 ans… Au final nous n’avions rien à y perdre. Au mieux notre projet tombe sur le bureau de quelqu’un, au pire il ne se passe rien.
> Vous avez sorti un premier album en 2018, vous allez sortir un nouvel EP, Declines are long gone, en février 2022. Pouvez-vous nous parler un peu plus de ce nouvel EP à paraître ?
Marine : D’un point de vue artistique, entre notre premier album et ce prochain EP, notre projet a évolué. Il y a toujours des problématiques sociales et personnelles dans les morceaux. Mais au lieu d’avoir un obstacle par titre, le thème de l’EP regroupe les cinq morceaux.
Clément : L’EP sera beaucoup plus transversal. Nous avons abordé la composition de manière différente. Sur le premier album, il y avait davantage de formats plus rock, d’enchainements de riffs etc. Pour ce prochain EP, nous prenons beaucoup plus notre temps, nos morceaux sont plus longs, plus ambient, beaucoup plus construits autour de périodes de session d’improvisation. Les titres sont davantage partis du chant, le texte guide beaucoup plus le morceau. Ce prochain EP sera dans un esprit bien plus post-rock que rock/metal comme sur le premier. Il y a un virage artistique, tout en gardant le format basse/batterie-chant. Nous avons aussi mûri dans notre approche de l’écriture. Nous avons essayé de travailler cela davantage à deux, plutôt que chacun dans notre coin.
Marine : Nous avons essayé de partir davantage du chant et de l’improvisation à deux plutôt que de ramener des riffs et d’essayer de coller des parties les unes sur les autres.
Clément : Nous ne renions pas notre premier album mais il représente une sorte de coup d’essai sur plusieurs choses. Là nous sommes, avec cet EP qui sortira le 19 février 2022 et en toute humilité, beaucoup plus sûrs de nous d’un point de vue artistique. Nous sommes très contents du résultat. Nous avons pris notre temps. Concrètement, l’EP est transversal autant au niveau de la matière sonore, que des textes, du propos, du visuel aussi. Chaque morceau va avoir son visuel fait par le même artiste, Lohengrin Papadato. Chaque morceau a sa personnalité mais dans un ensemble cohérent.
Marine : Nous avons enregistré live. Pour le premier album, nous avions enregistré les éléments séparément. Pour ce prochain EP, nous avons enregistré basse-batterie dans la même pièce. Nous voulions retrouver l’énergie live qui nous manquait sur le premier album.
> Vous dites que vous avez davantage travaillé ensemble pour ce nouvel EP, cela signifie que vous avez aussi écrit les textes tous les deux ?
Marine : Oui nous avons écrit tous les deux. Parfois le texte part d’une idée de l’un ou de l’autre puis nous écrivons ensemble, parfois c’est l’un d’entre nous qui écrit mais nous avons souvent les mêmes idées de ce que nous voulons communiquer dans les chansons.
> Quand on fait l’intégralité du travail d’écriture et de composition à deux, est-ce qu’il est simple de se mettre d’accord ? Quand est-ce que vous savez que votre titre est terminé, que vous n’allez plus y toucher ?
Clément : Le nouvel EP a eu un parcours assez particulier. Avant d’être enregistré en studio, il a été éprouvé sur scène pendant plus d’un an. Tous les morceaux sont passés par des structures différentes, ils ont été modifiés plusieurs fois. Nous avons pu revenir dessus au niveau de l’écriture et de la structure et en même temps voir comment ils sonnaient sur scène, comment nous les ressentions. Nous n’arrivons pas en studio avec des morceaux que nous n’avons pas joué. Nous rodons d’abord les morceaux en concert et après on se dit que cela nous convient et que nous pouvons aller les enregistrer en studio. C’est vraiment très bien dans ce sens-là. Nous arrivons au studio avec des morceaux que nous avons vraiment bien assimilé. Me connaissant, si le processus avait été l’inverse, Marine aurait pété un câble parce que j’aurais changé douze fois les pédales, huit fois les effets…
Marine : Nous aurions fait un mois de studio d’affilé (rires).
Clément : Cela aurait été l’enfer.
> Le fait de beaucoup jouer vos morceaux en live avant de les enregistrer ne vous empêche-t-il pas de les projeter sur des formats différents, par exemple de visualiser un clip pour accompagner un morceau précis ? N’est-ce pas plus difficile de les imaginer, de leur donner corps, autrement ?
Clément : Non, je trouve que c’est plus facile de les incarner. Nous n’en dirons pas plus, mais nous allons faire des clips. Le live donne beaucoup de précision par rapport à ce que nous avons envie de raconter. Le plus compliqué, c’est de raconter ce qui se passe sur scène dans un autre support. Nous savons ce que nous voulons dire mais la question va surtout se poser au moment de la transposition du médium. Il peut y avoir plein de médiums : clip filmé avec un·e acteur·rice, clip animé…
Marine : Il faut que ça reste dans une identité visuelle, artistique, qui a du sens pour nous. Cela pourrait être compliqué mais finalement non. Avec les cinq chansons du prochain EP, nous avons un univers qui est encore plus évident que si nous avions juste fait une chanson il y a deux ans et qu’elle racontait quelque chose à elle toute seule. Les cinq ensemble forment vraiment une unité et cela nous donne des idées pour des clips.
> Le prochain EP a été enregistré en studio ou en home-studio ?
Clément : Nous avons enregistré au Studio 33 Tours à Frontenac (33), avec Frédéric Norguet aux commandes, assisté par Alain Lesparat. Et l’EP a été masterisé par Pierre-Henri Demel, d’ODN Mastering.
> Vous allez donc jouer aux Bars en Trans le 4 décembre prochain. Comment vivez-vous cette date, qui aura lieu sur une tranche horaire un peu particulière ?
Clément : Nous allons en effet jouer pendant le brunch du samedi midi. Même si c’est sur un format un peu plus court et sur une tranche horaire différente des concerts habituels, nous serons dans le même état d’esprit que pour tout autre concert.
Marine : Nous allons juste nous lever un peu plus tôt (rires).
> Avez-vous d’autres dates de prévues après les Bars en Trans ?
Clément : L’EP sortira le 19 février 2022 au Temps Machine (37) à l’occasion d’un co-plateau avec les Mad Foxes. Nous avons aussi une date de sortie parisienne, en co-production avec les tourneurs Konsato. Nous jouerons à La Boule Noire avec les Stuffed Foxes, le 23 mars 2022.
Marine : Il y aura aussi d’autres dates après la sortie de l’EP.